Comment s’y rendre ?
En partant des Bains Jaunes par la Trace du pas-du-roy, deux chemins se présentent pour l’ascension de la Soufrière. Le Chemin des Dames par l’Est , une montée de 300m et d’environ 1h15. Ou le Col de l’Échelle à l’ouest dont la durée de l’ascension est d’environ 1h35.
Dans tous les cas, prévoyez de bonnes chaussures de marche, un imperméable et des vêtements chauds, et surtout, suffisamment d’eau.
Où se garer pour commencer l’ascension :
Depuis des éboulements en 2004, il n’est plus possible d’accéder en voiture au parking de la Savane à Mulets qui se trouve plus haut que celui des Bains Jaunes. Pour l’atteindre, il faut prendre le chemin presque entièrement pavé de la Trace du Pas-du-Roy.
Une ascension épique du volcan La Soufrière
Samedi 11 mai 2013. C’est décidé ! Ce samedi sera le jour de notre ascension de La Soufrière. La météo est changeante, mais on tente le coup. Avec moins de 60 jours de beau temps au sommet du volcan, il faut de toute façon tenter sa chance.
La route est longue jusqu’à Basse-Terre, depuis Saint-François. Il faut traverser la Guadeloupe d’est en ouest pour enfin arriver au pied du volcan. La journée commence mal. Le GPS m’indique une mauvaise route et me voilà bloqué au sommet d’une pente sans possibilité de faire marche arrière… Panique à bord et gestion catastrophique du stress. Je suis à deux doigt de descendre et de laisser la voiture en haut de la côte ! Allez zou, on reprend la bonne route et on monte jusqu’au parking des Bains Jaunes, le traditionnel départ de la randonnée. L’accès direct en voiture au parking de la « Savane à Mulets » (altitude 1.140 mètres) n’est plus possible depuis le séisme des Saintes du 21 novembre 2004 qui a entrainé l’éboulement d’un flanc du piton Tarade. Petite photo devant le panneau de départ. Jusqu’ici, tout va bien.
Il est onze heures quand on commence l’ascension depuis le parking des Bains Jaunes en suivant la trace du Pas-du-Roy. A peine le temps de dépasser les fameux bains jaunes, que nous voilà sur un étroit secteur pavé. Cette première partie de la rando jusqu’à la Savane à Mulets, se fait sous la canopée des plantes tropicales. Pas du luxe sous cette chaleur étouffante ! Mais il faut faire attention, les pavés sont glissants avec la pluie qui a précédé notre arrivée. Après une dizaine de minutes de marche apparait une première bifurcation. On poursuit vers le Pas-du-Roy en allant sur la gauche. Vingt minutes plus tard, nous arrivons enfin sur le parking.
L’ascension jusqu’à la Savane à Mulets a été rude, intense, mais assez bien gérée. Par contre, je m’inquiète pour l’eau. Avec une seule bouteille pour toute l’ascension, on a été très optimiste. En attendant, on profite de cette pause pour faire quelques photos du volcan dont le sommet est encore masqué par un épais nuage blanc. Et brusquement, le miracle ! Le vent se lève et découvre le sommet du volcan ! Magnifique ! Son sommet se dresse au milieu de la forêt tropicale. Insensé ! La fumerolle, la plus à droite, provient du cratère Sud. Les gaz acides présents dans les fumerolles contribuent à bruler la végétation et ainsi à mettre à nu une partie de plus en plus importante du plateau sommital sud. La dent, sur la gauche, est le Piton Dolomieu, 1.464 m.
On repart. 45 minutes de marche intensive jusqu’à l’éboulement Faujas. C’est dur. On s’accroche comme on peut. Evidemment, nous manquons d’eau. Des gens très gentils nous demandent si tout va bien. « Oui, ça va… » Enfin, on fait comme si. Franchement, c’est dur. Je me demande si je ne manque pas un peu de condition physique. Il va falloir que je recommence le footing ! La végétation est toujours aussi luxuriante. Des bouquets de fougères arborescentes nous accompagnent. En se retournant, nous avons une belle vue sur le Petit Cul de Sac Marin. Devant nous, les sommets de la Guadeloupe surgissent à l’horizon. Quelle beauté ! Le chemin est difficile, les roches assez hautes, et les moments de plat sont à compter sur les doigts d’une main. On arrive enfin à l’éboulement Faujas. « C’est encore loin ? » « Encore trente minutes », me répond un groupe de randonneurs. Quelque chose me dit que c’est la blague du coin, le coup des trente minutes.
L’éboulement Faujas est dû à une éruption phréatique en 1798. La végétation sur les parois de cette crevasse est très riche. Elle est formée de tapis de sphaignes aux couleurs multiples, de fougères arborescentes, d’ananas de montagne, de siguines blanches. Un vrai bonheur. Difficile toutefois de réellement en profiter, tant la souffrance est réelle. Ca grimpe vraiment dur.
La dernière partie de l’escalade n’est pas vraiment une partie de plaisir. Nous empruntons le Chemin des dames, et la blague des 30 minutes ne me fait plus vraiment rire. On profite de chaque passage difficile pour faire une pause.
La dernière partie de l’ascension est assez difficile : les rochers sont hauts, le passage étroit et il faut sans cesse s’accrocher à la roche pour se hisser sur le chemin. Un petit escalier permet de souffler un peu, puis il faut encore grimper. Enfin, nous y sommes !
Enfin au sommet ! C’est carrément l’euphorie ! « On l’a fait ! Yes ! » Quel souvenir ! Je crois que j’en ai rarement bavé comme ça ! Mais alors quel bonheur quand on arrive là-haut !
La vue panoramique sur tous les monts de Guadeloupe est à tomber par terre. On aperçoit même les îles au loin, plongées au milieu de la mer des Caraïbes. Pour fêter ça, quoi de mieux qu’un bon casse-croûte ? Oui, enfin bon, comme on est des novices en la matière, on n’a prévu qu’un maigre sandwich, une mangue et un fruit de la passion. Quant à l’eau, il n’en reste qu’un simple filet. Tant pis, tout cela est avalé de bon cœur en profitant du paysage. Dernière petite séance photo avant de faire le tour du plateau sommital.
Nos premiers pas sur le sommet du volcan nous mènent droit vers son point culminant : la Découverte. 1.467 mètres tout de même ! Un couple d’Allemands squatte le panneau. Ils nous proposent de nous prendre en photo. Ils sont sympas, ces Allemands ! Cool ! Depuis ce promontoire, on a une vue plongeante sur l’ensemble du plateau. Le Gouffre Tarissan avec sa fumerolle est impressionnant.
Il s’agit maintenant de se rapprocher du cratère principale, entre le Gouffre Dupuy et le Gouffre Tarissan. Ce dernier est rempli d’acide. Il faut faire très attention au retour du vent. On passe ainsi le pont naturel entre les deux gouffres. On longe la Mare au Diable, recouverte de jonc et de sphaigne et on arrive droit sur le piton Dolomieu dont le sommet est à 1464m (3 m au dessous de La Découverte). De là, la vue est splendide. Le cratère crache ses fumerolles de souffre, puis le vent se retire et découvre le ciel bleu. On se croirait en plein décor de science-fiction. Quasi irréel quand le piton surgit de la brume.
Après une belle série de photos du piton Dolomieu, on descend le chemin qui mène droit à la Porte d’Enfer qui ressemble à une dent de loup surgissant des entrailles de la terre et déchirant les nuages de soufre. Dantesque ! D’une beauté saisissante. Face à ce paysage, mon 14 mm fait des merveilles. Chouette alors ! Après quoi, on dévale la pente jusqu’au jardin l’Herminier. Celui-ci est quasi désertique depuis 1956, suite à des pluies de cendres.
Nous voici enfin au bord du gouffre Tarissan. Une immense colonne de gaz sulfuré s’échappe du cratère. C’est une véritable machine sous pression qui crache en permanence ses gaz comme les turbines d’un moteur d’avion avec un bruit continu et assourdissant. Pour l’observer et l’approcher, il faut tenir compte de la direction du vent afin d’éviter de recevoir une bouffée de gaz acide et toxique. Ses fumées sont plus ou moins importantes, plus ou moins balayées par les vents, faisant de ce paysage une crête alternativement masquée par la brume et caressée par les rayons du soleil. Cet endroit est magique ! A ses pieds, le gouffre Dupuy dévoile également alternativement son lit de verdure.
On quitte enfin le sommet. A contrecœur. Cet endroit est purement magique. Envoûtant. Une atmosphère étrange se dégage de ce lieu. L’odeur du soufre bien sûr, mais surtout ce sentiment fort de la puissance de ce volcan. Un rien pourrait le réveiller et alors nous serions balayés. Je crois que je n’oublierai jamais ce moment chargé en émotions, cette sensation de n’être rien face à la puissance des éléments, comme le jour où j’ai découvert l’Etna. Du coup, on a un peu de mal à quitter cet endroit. Un dernier regard en arrière pour apercevoir les fumerolles du gouffre et nous entamons la descente.
Montée ou descente, j’ai choisi mon camp ! Pour moi, rien ne vaut la descente ! Certes, il faut faire attention à chacun de nos appuis, redoubler de vigilance pour éviter la chute ou l’entorse, et repousser la fatigue. Mais l’effort reste bien moins important que la montée. Du coup, je prends un pied terrible à redescendre les pentes du volcan ! Enfin, nous arrivons au parking de la Savane à Mulets. Il ne nous reste plus qu’une vingtaine de minutes de marche. La descente de la pente est un calvaire pour les articulations, et c’est avec satisfaction qu’on arrive enfin à notre point de départ. Les bains jaunes nous tendent les bras. Ni une, ni deux, j’enlève mes chaussures et je plonge mes pieds dans l’eau sulfurée ! Un vrai bonheur après plus de quatre heures de marche. Allez zou, on remonte en voiture et direction la mer !