Candi Prambanan, au cœur du plus grand temple hindou d'Indonésie
Vendredi 26 juin. Le temps de se restaurer, on se renseigne sur la meilleure façon (la plus économique) de se rendre sur le site des temples shivaïtes de Prambanan classés au patrimoine mondial de l’Unesco.
La directrice de l’hôtel est d’une gentillesse déconcertante. Elle prend le temps de nous expliquer le chemin, et au final, nous décidons de nous y rendre en bus. Pour cela, il faut d’abord marcher une bonne vingtaine de minutes jusqu’à l’arrêt UPN, sur le Ring Road, autrement dit les grands boulevards de Jogjakarta.
Le temps de trouver dans quel sens prendre le bus et nous grimpons à bord d’un car d’un autre âge, datant probablement des années 80 et dont la porte s’ouvre manuellement. Improbable et dépaysant à souhait. On monte et on descend du bus par un arrêt surélevé protégé des intempéries. Il suffit de payer son billet (une misère) et un type nous fait grimper à bord.
À l’intérieur, les femmes en sari coloré, voilées élégamment, nous regardent avec étonnement et bienveillance. Quelle joie d’être ici. Maintenant, c’est sûr, nous sommes bien en Indonésie. Des chansons tamoules grésillent dans les haut-parleurs. Au bout de la ligne, la personne chargée d’ouvrir et de refermer la porte avec un simple crochet nous fait signe de descendre. « Prambanan, tout le monde descend. »
Pour accéder au site, il faut encore marcher le long du mur d’enceinte pendant encore dix bonnes minutes. Il fait chaud, mais pas étouffant. Une fois arrivés à l’entrée, on nous accueille avec une tasse de thé ou de café, au choix. L’Indonésie.
Puis une longue allée centrale mène tout droit aux fameux temples hindous. Au bout se dresse le Candi Prambanan, un groupe de temples en forme d’épi de maïs dressés vers le ciel. Il s’agit bien là du plus important centre religieux hindou de toute l’Indonésie : lieu où s’entrecroisent toutes les divinités, Shiva, Vishnu et Brahma en tête, accompagnées de sous-divinités et de personnages mythiques.
À l’origine, près de 273 temples se dressaient ainsi à travers la plaine fertile s’étendant au pied du volcan Merapi. Un conglomérat destiné à rivaliser avec le temple bouddhiste de Borobudur. Au XIe siècle, l’Islam n’était pas encore arrivé jusque-là… Les deux religions venues d’Inde par la mer rivalisaient alors autour de Yogya. Toutes deux s’affrontèrent pour la mainmise de l’île de Java, et plus encore, pour le reste de l’archipel indonésien, et l’Hindouisme finit par vaincre le bouddhisme.
Certes les esprits chagrins pourront toujours critiquer que ces temples ont été relevés à coups de campagnes de restauration démesurées depuis les années 50, mais quel bonheur de les retrouver là, au service des dieux Brahma, Vishnu, Civa et Ganesh.
Construits entre 900 et 930 ap. J.-C., les six temples de Candi Prambanan réunissent l’essentiel des divinités de l’hindouisme. Le Candi Civa, le plus important, est entouré, à droit et à gauche, du Candi Vishnu et du Candi Brahma. Face à eux, trois temples plus petits, sont consacrés aux montures des dieux : le Candi Nandi (face à Civa), le Candi Garuda (face à Vishnu) et le Candi Angsa (face à Brahma).
Dieux, singes, archers, guerriers, princes, princesses, animaux fantastiques, mythiques, éléphants, bateaux, forêts enchantées… La richesse des bas-reliefs des six temples est à couper le souffle. Le Candi Civa relate l’épopée de Ramayana. À l’intérieur de la chapelle se dresse une statue de Civa. Plus haut, c’est la statue de Ganesh qui est vénérée par les fidèles. Caresser sa trompe apporte la connaissance et son ventre la richesse. La Candi Brahma abrite lui aussi sa statue de dieu créateur de l’univers. À quatre têtes bien sûr ! Bas-reliefs somptueux qui racontent la guerre de Ramayana et de Lacmana contre Ravana. Lions, arbres de vie, femmes-oiseaux… Tout y est ! Les autres temples sont de même facture. Tout simplement éblouissant.
Bien, après cette belle petite visite, il est grand temps de rentrer. Une dernière caresse sur le dos des biches présentes dans un enclos et on file.
Le retour vers Jogjakarta ne se fait pas sans mal. Ligne 1, ligne 2, ligne A, ligne B… On cherche désespérément le moyen de revenir à l’hôtel jusqu’à ce que je retrouve l’adresse sur un bout de papier. Ouf ! Du coup, on reprend le bus là où on était descendu et on continue jusqu’à l’arrêt UPN. Une fois là-bas, je reconnais le chemin et il ne nous reste plus qu’à le remonter à pied en sens inverse.
Ok, reste encore à faire du change chez un money changer du centre-ville et la mission de la journée sera complètement remplie. Du coup, je laisse 50 € en gage à la réception pour pouvoir prendre un taxi et je file directement vers Malioboro. C’est là que se trouvent les meilleurs money changer de la ville.
Bonne nouvelle, non seulement les taux sont super attractifs, mais la boutique propose aussi des excursions vers le Bromo et le Kawa Ijen. Ni une ni deux, je réserve immédiatement les ascensions pour dimanche et lundi. À peine 50 € par personne pour trois jours, logés, nourris et conduits. Exactement ce que j’avais prévu. Chouette alors !
Allez zou, je remonte dans le taxi et fais la conversation avec le chauffeur à qui je propose de nous conduire le lendemain jusqu’à Borobudur. Même pas 20 euros pour la journée… Et d’une pierre trois coups !
À mon retour, Léa me saute dessus. Léa, la directrice de l’hôtel, lui propose de faire un tour à scooter jusqu’en centre-ville, direction Maliobro. « Allez mon p’tit Loulou, ta fille n’a plus 6 ans… Elle ne risque rien. » Ok, je respire un grand coup et je lui donne l’autorisation. Un grand moment pour ma fille.