A travers les souks d’Essaouira
Jeudi 14 juillet. À peine descendu du bus, direction l’hôtel Sahara situé à l’entrée de la médina. Il fera bien l’affaire. Le temps de déposer mes affaires et de me reposer un peu, et me voici parti à la conquête des souks. Dès les premiers instants, je me sens à Essaouira comme chez moi. On est loin ici de l’agitation permanente de Marrakech La ville enserrée dans sa jolie forteresse a des allures de Saint-Malo. La chaleur en plus. Maisons blanches, toits plats, huisseries bleues et minarets rappellent très vite qu’on est quand même loin de la Bretagne.
Essaouira est un étrange mélange de ville cosmopolite et de ville populaire. La faute à son histoire sans doute. Créée par les Carthaginois, la ville fut conquise par les Romains lors de la troisième guerre punique, en 146 av. J.-C. Confiée au roi de Maurétanie, JUba II, le bâtisseur de Volubilis développa ici des industries de salaisons et de pourpre. Dès ses premières heures, du fait de la commercialisation internationale de la peinture, et notamment du pourpre, très prisé par les Romains, la ville fut tournée vers l’extérieur.
Au Moyen Âge, la ville prit le nom de Mogador, nom que lui donnèrent les Portugais en en faisant un de leurs principaux comptoirs en Afrique du nord. Les juifs ont alors un statut spécial, jouant un rôle d’intermédiaire entre le sultan et les puissances étrangères. Négociants du roi, ils ont alors le monopole de la vente du blé aux chrétiens, alors interdite aux musulmans.
L’importance d’Essaouira ne cessa de croître jusqu’au milieu du XIXe siècle, grâce à l’importante communauté juive qui compta jusqu’à 17.000 personnes, contre seulement 10.000 musulmans… Le commerce y était florissant. Les Marocains venaient ici acheter les plus beaux bijoux du pays. Un temps révolu désormais. Depuis la guerre des Six jours, il ne reste plus que quelques familles juives dans la ville.




En attendant, Essaouira garde de cette époque un des plus beaux souks du Maroc. Ici, tous les commerces sont groupés par spécialité. Le souk étend ses différentes branches dans toute la médina. On trouve d’abord celui de la viande, puis à droite, passé la grande porte d’entrée, celui du poisson, entouré par des échoppes d’épices. À gauche, voici, les tisserands.
De l’autre côté de l’avenue Zerktouni, impossible de passer à côté du souk aux grains qui a cédé sa place aux terrasses de café… Derrière, bienvenue à la vente à la criée ! En retournant sur l’avenue principale, et en direction du port, une dizaine d’échoppes vendent des bijoux en or… Rien à voir toutefois avec les merveilles que vendaient les Juifs jusqu’au milieu du XXe siècle.
Mais le mieux pour visiter les souks est encore de s’y perdre. Là, on reste parfois fasciné par les scènes de la vie quotidienne, les marchandages qui peuvent parfois durer des heures, les attractions diverses qui s’attardent sur le pavé de l’avenue principale, les familles qui remontent et descendent sans cesse l’avenu à la recherche de la perle rare. Un vrai moment de détente. Rien à voir avec la trépidante Marrakech.















