Déambuler à travers le quartier chrétien et la Via Dolorosa
Vendredi 13 avril. À la sortie du Saint-Sépulcre, je pars remonter quelques rues du quartier chrétien de la vieille ville. Un quartier qui n’a vraiment rien à envier avec le souk arabe que je verrai plus tard. Tous deux forment la partie de la vieille ville de Jérusalem entièrement consacrée au commerce.
Aujourd’hui, le quartier chrétien est essentiellement peuplé d’orthodoxes et de quelques familles de Palestiniens chrétiens. Pour l’anecdote, on trouve de tout dans les boutiques de souvenirs du quartier, de tout et sans distinction de religion ! Ici, se côtoient aussi bien chandelier à sept branches que symboles musulmans ou icônes chrétiennes. À bien y réfléchir, je crois qu’il n’y a que dans ces boutiques que la mixité existe réellement. Car de mon séjour en Israël, je garderai surtout en mémoire trois fortes communautés qui semblent s’ignorer les unes les autres. Étrange pour une ville trois fois sainte qui a toujours prêché l’amour de son prochain…
De l’autre côté du Saint-Sépulcre descend la colline du Golgotha matérialisée aujourd’hui par la Via Dolorosa que certains pèlerins remontent encore, le vendredi surtout, en portant à bout de bras une croix. De tout mon séjour à Jérusalem, je n’en verrai qu’une, mais j’imagine qu’au moment de Pâques les marchands de croix font franchement leur beurre !
Pour rappel, la Via Dolorosa, c’est le chemin qu’aurait suivi Jésus de la forteresse de l’Antonia où il aurait été détenu jusqu’au sommet du Golgotha, le lieu de sa crucifixion. Toutefois, ce trajet est aujourd’hui très controversé par de nombreux historiens qui pensent que Jésus ne fut pas jugé dans l’enceinte de la forteresse, mais plutôt dans le palais d’Hérode.




Toujours est-il que le chemin de la Via Dolorosa comporte aujourd’hui 14 stations, qui vont du couvent de la Flagellation jusqu’à l’intérieur même du Saint-Sépulcre, lequel en abrite à lui seul cinq. Au total, la via Dolorosa, lieu important de pèlerinage pour les Chrétiens, s’étend sur environ 500 mètres.
Aujourd’hui, je ne croiserai pas beaucoup de pèlerins sur mon chemin… Mais un petit bonhomme courageux poussant devant lui une charrette remplie de pains. C’est pas mal non plus ! Et assez difficile je pense pour être en quelque sorte son « chemin de la souffrance ».
Ce parcours tire son origine d’une procession organisée par les franciscains au XIVe siècle. Seules deux des stations sont relatées dans les Évangiles (la rencontre avec le passant Simon de Cyrène et avec le groupe de femmes pieuses de Jérusalem), les autres provenant de traditions ultérieures.
Au bout de la via Dolorosa se dresse l’imposante porte des Lions. C’est ici que débute le chemin de Croix des Chrétiens. Elle fut construite sous le règne du sultan Soliman, raison pour laquelle elle se trouve en plein cœur du quartier musulman de la ville. En fait, il ne s’agit pas lions sculptés de part et d’autre de la porte, mais bien de léopards, emblème de Baybars, le sultan mamelouk qui stoppa net l’invasion mongole en 1260.




Pour la petite histoire, le pèlerinage sur le chemin de la douleur se développe au IVe siècle à la suite de la conversion de Constantin qui entraîne la christianisation de l’Empire. Les pèlerins n’effectuent aucune halte à cette époque. Au début de l’époque byzantine, le parcours est proche de l’actuel mais comporte moins de stations. Au VIIIe siècle, plusieurs arrêts s’effectuent au cours du trajet notamment le long de la partie sud de la vieille ville, à la maison de Caïphe, sur le mont Sion, au Praetorium puis enfin à l’Église du Saint-Sépulcre. Selon les périodes, le parcours se modifie et le nombre de stations varie de 7 à 18. Les conflits entre les différentes confessions chrétiennes qui veulent une station dans leurs sanctuaires afin d’y favoriser les pèlerinages et les dons, expliquent en grande partie la création de chemins concurrents.





