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Bethléem, au cœur de la basilique de la Nativité et de Sainte-Catherine

Pourquoi visiter Bethléem ?

Bethléem est une ville emblématique située en Cisjordanie, à environ 10 kilomètres au sud de Jérusalem. Elle revêt une importance historique, religieuse et culturelle majeure, notamment pour les chrétiens, car elle est considérée comme le lieu de naissance de Jésus-Christ.

La basilique de la Nativité est  Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, elle abrite la grotte où Jésus serait né. C’est l’un des sites les plus sacrés pour les chrétiens.

A voir aussi la Place de la Mangeoire, un lieu central de la ville, souvent animé par des célébrations religieuses.

Bethléem est une ville riche en histoire, avec des traces d’occupation remontant à l’époque cananéenne.
Elle est également un centre culturel palestinien, où l’artisanat local, comme les sculptures sur bois d’olivier, est très présent.

La ville offre l’opportunité de découvrir la vie et les traditions des Palestiniens, ainsi que leur hospitalité légendaire.

Située à quelques kilomètres de Jérusalem, Bethléem est facilement accessible pour une excursion d’une journée.

Comment visiter Bethléem ?

La ville est accessible en bus (ligne 231 depuis la porte de Damas) ou en taxi. Le trajet dure environ 30 minutes. Il faut passer par le check-point israélien de Bethléem, alors assurez-vous d’avoir votre passeport.

A Noël, Bethléem est particulièrement animée pendant les fêtes de Noël, avec des célébrations uniques. Au printemps et en automne, les températures sont agréables pour explorer la ville.

Il vous faudra visiter la Basilique de la Nativité et la grotte de la Nativité. Mais aussi l’Église Sainte-Catherine, adjacente à la basilique. Elle est souvent le lieu des célébrations de Noël diffusées dans le monde entier. Ne pas oublier non plus le Champ des Bergers, un site biblique où les anges seraient apparus aux bergers pour annoncer la naissance de Jésus. Et enfin le mur de séparation avec ses graffitis et ses messages de paix. Comme pour tout lieu saint, portez des vêtements modestes.

La ville offre des options d’hébergement, des hôtels aux guesthouses. Goûtez à la cuisine palestinienne, comme le maqluba ou les falafels, dans les restaurants locaux.

Bethléem, au cœur même de la basilique de la Nativité

Samedi 14 avril. Samedi en Israël, c’est shabbat… Et du coup, tout est fermé. Pas la peine d’essayer d’aller visiter quelque monument juif que ce soit. Aujourd’hui, il va me falloir improviser et jouer parfois de patience ! Israël ne veut pas de moi aujourd’hui, qu’à cela ne tienne, j’irai en Cisjordanie occupée !

Levé de bonne heure, j’avale mon petit-déjeuner et je traverse la vieille ville en direction de la porte de Damas. Direction Bethléem. C’est ici que partent la plupart des bus palestiniens qui irriguent les villes de Cisjordanie. Trouver la bonne station de bus par contre n’est pas vraiment chose aisée… Il en existe trois autour de la porte de Damas ! Évidemment, je trouverais la bonne en dernier. Pas grave. J’ai le choix entre la ligne 231 (directe et sans check-point) et la 234 (directe, mais avec check-point). Finalement, je ne vais pas tenter l’aventure et je grimpe à bord du bus 231…

Pour une poignée de shekels, me voici bientôt à deux kilomètres de l’église de la Nativité. Il me faut donc encore prendre un taxi pour m’y rendre. C’est là que l’histoire se complique et va passablement m’agacer ! Je monte dans un premier taxi qui se retrouve bloqué par un deuxième. Coup de gueule en direct entre les deux chauffeurs, du coup je grimpe dans la voiture du deuxième… qui me propose avec insistance un tour à la journée (Bethléem, Hérodion, Hébron) pour une petite fortune. Je lui explique avec insistance que je veux simplement me rendre à Bethléem, mais il insiste encore. Du coup, c’est moi qui pousse un coup de gueule (je déteste me faire forcer la main !), et je sors de son taxi !

Un troisième s’avance vers moi, comprend la situation et accepte de me conduire jusqu’à Bethléem. Enfin ! Du coup, pour le remercier, je lui demande s’il peut m’emmener jusqu’à Hébron après Bethléem. Il faut savoir remercier les gens qui vous aident… Non, mais ! Allez zou, on roule. Un petit quart d’heure plus tard, me voici devant l’église de la Nativité, à Bethléem. Enfin !

À l’image de Jérusalem, Bethléem est une ville-monde. Une population mixte y habite, musulmane en grande majorité, mais avec une large minorité chrétienne et des milliers de pèlerins chaque jour qui se déverse pour venir admirer la basilique de la Nativité qui demeure le deuxième lieu saint des Chrétiens après le Saint-Sépulcre. À l’image de la façade de la basilique, la ville a été bâtie avec les belles pierres provenant des carrières de la région. Une pierre réputée jusque par-delà l’Atlantique car c’est avec elles qu’a été construit une partie de l’aéroport newyorkais J.-F. Kennedy. Et aujourd’hui encore, son exportation vers l’étranger demeure une source d’emplois pour les Palestiniens.

Forcément, l’histoire de Bethléem se confond avec l’histoire des religions. Selon la tradition juive, le roi David serait lui aussi né ici, au Xe siècle avant J.-C., tandis que Rachel, l’épouse de Jacob, serait enterrée à l’entrée de la ville, sur la route de Jérusalem, après avoir donné naissance à Benjamin… Rachel est vénérée à la fois par les Juifs, les Musulmans et les Chrétiens. Pour une fois, c’est l’unanimité !

Vient enfin la naissance de Jésus, et après elle, il faudra attendre le IVe siècle pour que la religion chrétienne devienne la religion de l’empire romain par l’empereur Constantin. Bethléem devient alors un haut lieu de pèlerinage. Et c’est Hélène, la mère de Constantin, qui en 326, visitant la terre sainte, décide d’ériger une basilique à l’emplacement présumé du lieu de la Nativité. Dès 384, saint Jérôme anime la vie théologique de la cité et produit une nouvelle traduction latine de la Bible (la Vulgate). Mais en 529, la révolte gronde chez les Samaritains qui vont détruire de nombreux édifices religieux dont la basilique de Bethléem. C’est l’empereur Justinien, qui, en 540, la fait reconstruire. L’édifice traversera alors le temps, miraculeusement épargné par conflits successifs…

Bon, au lieu de me précipiter aussitôt sur la basilique, je pénètre dans la nef, mais prends aussitôt à gauche pour me retrouver aussitôt dans le cloître de l’église Sainte-Catherine. Celui-ci date de l’époque médiévale.

Le cloître de Saint Jérôme, appelé ainsi à cause de son accès direct à la grotte du saint, fut restauré par l’architecte Antonio Barluzzi en 1947. Le réseau de grottes placé sous le cloître et l’église abrite les tombes de sainte Paule et de sa fille sainte Eustochie, les deux patriciennes qui ont accompagné saint Jérôme en Palestine. Au milieu du cloître se dresse la statue de Saint Jérôme. Il est présenté tenant une plume et un livre, avec un crâne à ses pieds pour lui rappeler sa mortalité et la tâche qu’il lui reste à accomplir avant sa mort.

Saint Jérôme vécut à Bethléem de 386 à 420 et, pendant 34 ans, traduisit dans une grotte la Bible en latin à partir de l’original, en hébreu ancien, et de la Septante, première traduction grecque. La Vulgate est ensuite devenue la base de toutes les traductions occidentales de la Bible.

Plus accueillante, plus spacieuse, et pour ne pas endommager la grotte voisine de la Nativité, c’est dans cette église Sainte Catherine qu’a lieu chaque année la messe de Minuit. L’église a été construite à la fin du XIXe siècle au-dessus d’un réseau de grottes dans lequel on peut descendre par des escaliers situés sur le côté droit de la nef.

Le lieu, dédié à Sainte Catherine d’Alexandrie déjà depuis 1347, était initialement une petite chapelle à l’intérieur du couvent franciscain, et qui correspond aujourd’hui à l’espace autour de l’autel consacré à Sainte Catherine. L’édifice sacré se constitue de trois nefs avec abside surélevée, qui sert de chœur aux frères. Cette abside contient une représentation moderne, sur vitrail, de la scène de la Nativité, effectuée en l’an 2000.

Au fond de la nef, à droite, se dresse l’autel de Sainte Catherine, tandis qu’en face, se trouve l’autel consacré à la Vierge Marie avec la statue de l’Enfant Jésus, datant du XVIIIe siècle, et utilisée durant les célébrations de Noël, à Bethléem.

À noter également les arcs croisés conservés à l’entrée de l’église, désormais englobés dans la structure, qui faisaient partie du cloître dit de Saint Jérôme. C’est aussi là qu’est conservé le bas-relief offert par le Pape, à l’occasion du Jubilé de l’an 2000.

Retour dans la nef de la basilique de la Nativité. À mon goût, plus belle que le Saint-Sépulcre. Mais bon… Les goûts et les couleurs… Il s’agit en tout cas de la plus ancienne basilique du pays, construite en 326, à l’initiative de la mère de l’empereur Constantin, au-dessus de la grotte où Jésus est né. « Et elle mit au monde son Fils premier-né. Elle l’enveloppa de langes et le coucha dans une grande mangeoire parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la salle des hôtes… »

Détruite en 529 par les Samaritains, puis reconstruite par l’empereur byzantin Justinien, la basilique a tout de même conservé ses quatre alignements de colonnes datant du IVe siècle. Le reste subit de nombreuses transformations… Au-dessus des colonnes, je reste subjugué par les merveilleuses fresques sur fond or typiquement de style byzantin.

Toutes les colonnes dressées sous l’empire de Constantin ont ensuite été peintes à l’époque des Croisés… Puis oubliées et masquées par le temps avant d’être redécouvertes en 1891 ! Toutes les images remontent à l’époque croisée, époque de transition et de divisions entre l’Église d’Orient et l’Église d’Occident. Un fait confirmé par la présence de saints, autant de la tradition occidentale qu’orientale.

Les carrés, tous placés sur les colonnes de la nef centrale et celles de la première rangée au sud, sont entourés d’une bande de couleurs rouge et blanche, tandis que les figures des saints se distinguent sur fond bleu. Chaque saint a son nom écrit sur un parchemin au-dessus de lui, ou placé entre ses mains. Pour les ecclésiastiques de l’époque, les colonnes peintes servaient à rappeler de manière métaphorique la présence des saints en ce lieu.

À la reconstruction de la basilique par l’empereur Justinien, celui-ci conserve le plan original, mais ajoute trois absides et le narthex. Il souhaite ainsi qu’elle puisse rivaliser avec les plus beaux sanctuaires de Jérusalem… On raconte pourtant que déçu par le résultat, il accusa l’architecte d’avoir détourné les fonds et le fit décapiter !

Au XIIe siècle, les Croisés protègent la basilique en élevant une muraille blanche, celle que l’on voit aujourd’hui de l’extérieur, qui lui confère cet aspect fortifié si caractéristique. Et pourtant, cette période correspond à l’âge d’or pour l’embellissement de la basilique. C’est ainsi à cette époque qu’elle est couverte d’un plafond de cèdre, de pavements de marbre blanc, de peintures et de mosaïques.

L’accès à la grotte, tout comme au tombeau du Christ à Jérusalem, est strictement réglementé. Une file d’attente d’au moins quatre bonnes heures m’attend… Tout comme mon chauffeur à l’extérieur de la basilique ! Du coup, au bout d’une bonne heure d’attente (trois à quatre mètres parcourus !), je finis par jeter l’éponge et m’en retourne dans le chœur de l’église.

Voici le presbyterium à l’iconographie d’influence grecque. Elle date de 1764. D’ailleurs, la gestion de la basilique, comme au Saint-Sépulcre, est partagée entre Grecs, Arméniens et Latins. Tout est codifié : le parcours des processions, les heures des messes, l’entretien des tapisseries, l’attribution des chandeliers, etc. Toute restauration doit être acceptée par les trois communautés. Pas vraiment simple… D’ailleurs il est déjà arrivé que des religieux se bagarrent à coups de balai !

À droite du chœur, c’est par cette porte étroite et basse que passent les pèlerins après qu’ils se sont rendus à la grotte de la Nativité. Devant l’autel, se dresse l’étoile à 14 branches fixée par les Latins en 1717. Elle marque le lieu de naissance du Christ.

Dans le presbytarium, je reste subjugué par la richesse et la beauté de l’iconographie et de la beauté des icônes peinte sur fond or. Un véritable travail d’artiste réalisé par les meilleurs maîtres de leur temps.

Dans cette zone de la basilique, à l’intérieur du périmètre octogonal, des mosaïques semblables à celles de la nef centrale ont été retrouvées, mais beaucoup plus riches, avec des représentations animales et végétales, et des éléments géométriques.

Et là encore, les colonnes sont peintes, recouvertes de figures de saints des évangiles.

Retour dans la nef où je ne peux détacher mon regard des fresques magnifiques réalisées sur fond or au temps des Croisés, sans doute commandées par les Francs. Les tesselles des mosaïques ont été disposées inclinées vers le bas, pour faire ressortir la beauté de la mosaïque, observée de plusieurs mètres en contrebas. Ainsi, le pèlerin qui entrait dans la basilique, était frappé par cette vision.

Dernier petit coup d’œil sur les colonnes et les figures peintes des saints. Pendant longtemps, des messes étaient célébrées à proximité des colonnes, le jour de la fête du saint. Pour les ecclésiastiques de l’époque, les colonnes peintes servaient à rappeler de manière métaphorique la présence des saints en ce lieu. Les saints représentent ceux qui supportent le poids de l’Église : ces images des saints sur les colonnes traduisent donc avec force et simplicité ce concept à tous les fidèles qui visitent la basilique.

Le sol de la basilique de la première basilique de la Nativité était intégralement recouvert d’un tapis de mosaïques. Ce sont les fouilles, entreprises entre 1932 et 1934 qui l’ont montré. Le sol du IVe siècle montait en direction de la zone absidale. À l’époque byzantine, suite au changement de dimensions du plan de la basilique, le sol fut recouvert d’un revêtement de marbre blanc veiné. Au travers des trappes faites dans le sol, il est possible encore aujourd’hui de contempler les mosaïques antiques.

Au premier niveau, sur le côté droit, sont représentés Saint Joseph et les ancêtres du Christ selon l’Évangile de Saint Matthieu. Symétriquement, toujours d’après Quaresmi, sur le côté gauche, devait être représentée la généalogie selon l’Évangile de Luc. Au second niveau, entrecoupés de bandes de feuilles d’acanthe, sont représentés les sept conciles œcuméniques (Nicée, 325 ; Constantinople, 381 ; Éphèse, 431 ; Chalcédoine, 451 ; Constantinople II, 553 ; Constantinople III, 680 ; Nicée II, 787), les quatre conciles provinciaux (Antioche, 268 ; Ancyre, 314 ; Sardique, 342 ; Ganges, IVe siècle), et les deux synodes locaux (Laodicée, IVe siècle, Carthage, 254). Chaque concile est représenté par un édifice sacré, et expliqué à l’aide d’un cartouche, dans lequel sont explicitées les décisions prises à l’occasion.
Retour à l’extérieur de la basilique. Depuis le parvis, on a une vue fantastique sur la ville actuelle de Bethléem.

À l’extrémité de la place de la basilique, me voici de retour sur “Manger Square”, la place principale de Bethléem flanquée d’un côté par la basilique de la Nativité, et de l’autre par la mosquée Omar, érigée en 1860 par les Ottomans. Pour la petite histoire, il faut quand même mentionner que la basilique de la Nativité est passée plusieurs fois à deux doigts de la destruction. D’abord, en 614, au moment de l’invasion perse. Mais les soldats auraient aperçu dans la représentation des rois mages des habits perses. Puis en 638, avec la conquête arabe, le calife Omar s’empare de Jérusalem. Il tolère les Chrétiens à condition qu’ils paient un tribut au souverain… Mais en 1009, un calife égyptien persécute les chrétiens, rase le Saint Sépulcre, mais sauve Bethléem souhaitant ainsi continuer de percevoir l’impôt des “roumis”. Un siècle plus tard, sous les Croisés, l’église est fortifiée et embellie. Mais avec la victoire des armées de Saladin et l’arrivée des Mamelouks, la communauté chrétienne est affaiblie. La basilique est préservée, mais les murailles sont détruites.

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