Pourquoi visiter l’esplanade des mosquées ?
L’esplanade des Mosquées (appelée Haram al-Sharif par les musulmans et Mont du Temple par les juifs) est un site d’une importance spirituelle majeure. Pour les musulmans, c’est le troisième lieu saint de l’islam, associé au voyage nocturne de Mahomet (Isra et Miraj) et abritant la mosquée Al-Aqsa et le Dôme du Rocher, où il aurait prié avant son ascension au ciel . Pour les juifs, c’est le site du Temple de Salomon et du Second Temple, détruits respectivement en 586 av. J.-C. et 70 ap. J.-C., dont le vestige principal est le mur des Lamentations . Les chrétiens y voient également un lieu lié à l’histoire biblique d’Abraham et des prophètes.
Le Dôme du Rocher, avec sa coupole dorée, est un symbole iconique de Jérusalem. Construit en 691 sous le calife Abd al-Malik, il abrite le rocher de la Fondation, sacré pour les trois religions abrahamiques . La mosquée Al-Aqsa, édifiée au VIIIᵉ siècle, est la plus grande de Jérusalem et peut accueillir jusqu’à 5 000 fidèles . L’esplanade compte aussi des portiques, des fontaines à ablutions, et des madrassas historiques .
Le site témoigne de siècles d’histoire, des Romains aux Croisés, en passant par les Omeyyades et les Ottomans. Les fouilles archéologiques révèlent des traces du Temple juif, des églises byzantines, et des structures islamiques médiévales.
Comment visiter l’esplanade des mosquées ?
Les non-musulmans ne peuvent entrer que par la porte des Maghrébins (près du mur des Lamentations) et uniquement aux horaires fixés :
– Avril à septembre : 8h30–10h30 et 13h30–14h30.
– Octobre à mars : 7h30–10h30 et 12h30–13h30 .
– Fermé le vendredi, le samedi et pendant les fêtes musulmanes.
– Contrôles de sécurité : présentez votre passeport et passez des détecteurs de métaux .
– Couvrez épaules et genoux en signe de respect. Un foulard n’est pas obligatoire pour les femmes, mais recommandé .
Le Dôme du Rocher : admirez sa coupole dorée et le rocher sacré, lié au sacrifice d’Abraham (Ismaël pour les musulmans, Isaac pour les juifs et chrétiens) .
– La mosquée Al-Aqsa : Explorez ses colonnades et son histoire millénaire, marquée par des reconstructions successives .
– Le Dôme de l’Ascension et la mosquée de Bouraq : lieux associés au voyage nocturne de Mahomet .
– Depuis l’esplanade, contemplez la vieille ville et le mont des Oliviers .
Les non-musulmans ne peuvent pas prier sur l’esplanade, et toute manifestation religieuse (comme lire la Torah) est interdite .
Le site est administré par le Waqf jordanien, mais la sécurité est assurée par Israël. Les tensions sont fréquentes, surtout lors de fêtes religieuses (comme Tisha BeAv ou le Ramadan). L’esplanade est un point de friction israélo-palestinien.
Découvrir le dôme du Rocher sur l’esplanade des Mosquées
Jeudi 19 avril. Me voici donc sur le Dôme du Rocher où se tenait autrefois, avant sa destruction par les armées romaines, le second Temple juif. Ici, se dressent désormais la mosquée El-Aqsa et le dôme du Rocher.
Surtout ne pas confondre la mosquée El-Aqsa avec le Dôme du Rocher. Ce dernier est facilement reconnaissable, il se trouve au centre de l’esplanade et est recouvert d’une coupole en or. Immanquable. Mais j’y reviendrai. Pour l’instant, il faut se concentrer sur la mosquée El-Aqsa qui se trouve immédiatement à droite quand on pénètre sur la place (après de multiples fouilles de l’armée israélienne !).


Sur la première place, se dressent de nombreux vestiges de colonnes antiques, souvenirs du premier monument érigé par le calife Al-Walid.
C’est l’occasion pour moi de réaliser toute une série de clichées pour mettre en valeur ce troisième lieu saint de l’Islam. La mosquée El-Aqsa date du VIIe siècle et fut probablement érigée par le calife Al-Walid, fils d’Al-Malik, qui fit la conquête de Jérusalem vers l’an 690. La mosquée fut érigée entre 705 et 715.


Le bâtiment actuel est toutefois le résultat d’une restauration… entreprise par les Croisés en 1035, qui convertirent le site en palais royal sous le nom de Templum Salomonis. Il sera ainsi confié à l’ordre des Templiers (d’où leur nom…).
Pour la petite histoire, les colonnes de marbre ont été offertes en 1939… par Mussolini ! Il s’agissait de remplacer les anciennes colonnes dont quelques-unes subsistent dans le fond de la place.


Fidèles à leur tradition de simplicité et de paysagistes, les musulmans ont aménagé des jardins au milieu de la place caractérisée par de nombreux oliviers, dont celui-ci que la sécheresse de l’air a pétrifié.




Allez zou, je m’avance un petit peu plus au milieu de la place, tout en jetant un coup d’œil sur les nombreux militaires israéliens qui assurent la sécurité au milieu de la place. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ça ne plaisante pas vraiment de ce côté-ci du monde.




Au plus près du Dôme du Rocher. Interdiction d’y pénétrer si on n’est pas musulman. Dommage. Il s’agit tout de même du troisième lieu saint de l’Islam après La Mecque et Médine.
Au milieu de la cohue permanente qui règne à Jérusalem, dressée au-dessus de la ville sainte, le Dôme du Rocher est un lieu unique, sobre, aéré, simple et d’une grande beauté avec ses jardins, ses fontaines, ses portiques à travers lesquels le prendre en photo est un pur régal.


Et même si tout le monde l’appelle la « mosquée d’Omar », il ne s’agit en rien d’une mosquée. Sous son dôme doré se niche en effet un sanctuaire qui protège le rocher où Abraham se serait préparé à sacrifier son fils Isaac. Et c’est ici que Mahomet aurait choisi de monter au ciel, après avoir chevauché son cheval ailé toute la nuit depuis La Mecque… Excusez du peu !
En 1104, pendant la domination européenne, le site fut requalifié en abbaye canoniale Templum Domini par les Croisés. À l’intérieur, chose que je ne pourrais voir, la barrière de bois qui protège le rocher date de 1196.


Quant aux verrières, une bonne partie d’entre elles datent de l’époque de Soliman le Magnifique.
À l’origine, le dôme était en or, mais après avoir été pillé, il fut remplacé par du plomb puis de l’aluminium doré. Ce n’est qu’en 1994 qu’il retrouve sa couverture en or grâce au roi Hussein de Jordanie. Et pour cause, issu de la famille Hachémite, originellement gardienne des lieux saints de l’Islam, le roi Hussein a dû vendre une de ses villas à Londres pour réaliser l’opération et ainsi garder son autorité religieuse sur l’esplanade.


Pour la petite histoire, après la prise de la vieille ville en 1967 par l’armée israélienne, le drapeau israélien flotta au-dessus de l’esplanade des mosquées. Moshe Dayan le fit enlever et rendit la gestion des lieux saints à un organisme musulman.


Un peu à l’écart du dôme, un petit pavillon permet de se rafraîchir un peu et de s’abriter du soleil.
Sur l’esplanade, outre le dôme du Rocher et la mosquée al-Aqsa, on trouve une centaine d’édifices de différentes périodes dont certains sont des œuvres d’art remarquables : des lieux de prière musulmans, des arches et des portiques, des écoles religieuses musulmanes (madrasas), des minarets, des fontaines pour boire et d’autres pour les ablutions rituelles.




Se promener sur l’esplanade des mosquées, loin du tumulte de la ville, est sous doute une des expériences les plus paisibles que l’on puisse connaître à Jérusalem. Certes, les soldats israéliens demeurent omniprésents sur le site, mais leur présence est aussi un gage de sécurité. D’autant que de part et d’autre, une seule étincelle pourrait mettre le feu aux communautés. Certains Juifs orthodoxes font chaque jour le forcing pour accéder au site, prier… et revendiquer l’endroit pour y reconstruire le temple.




Autre anecdote historique. Les différentes dynasties arabes se disputèrent la propriété de ce lieu sacré pour les Musulmans. Ainsi, à l’intérieur du Dôme, une inscription rappelle qu’il fut construit ici par le calife omeyade Al-Malik en 691… Un souvenir que le calife de la dynastie abbasside Al-Mamoun ne manqua pas d’effacer 120 ans plus tard lors de son accession au pouvoir, en gravant son nom à la place de son prédécesseur… Il oublia juste un petit détail : modifier la date de la création !
À bien y regarder de plus près ce monument, on remarque les influences byzantine et perse sassanide qui sont les deux grandes sources d’inspiration de l’art islamique.


Pour la petite histoire encore, le premier Temple des Juifs aurait été édifié à cet endroit par le roi biblique Salomon, et le second, au VIe siècle av. J.-C., agrandi au Ier s. av. J.-C par Hérode Ier le Grand. Ce temple est finalement détruit en l’an 70 de l’ère chrétienne, sur ordre de Titus. L’esplanade resta alors inoccupée, jalonnée seulement de quelques ruines.
Le calife et compagnon de Mahomet Omar ibn al-Khattab, aurait été horrifié de voir ce lieu saint dans un tel état, ordonné son nettoyage et y aurait prié. Selon la même source, il ordonne la construction d’une mosquée à cet emplacement. Certains historiens médiévaux, en particulier le chroniqueur byzantin Théophane le Confesseur indique que cette action de Omar ibn al-Khattab fut saluée par les juifs de l’époque.


Il est aussi à noter que chaque dynastie maîtresse de Jérusalem, depuis les Fatimides jusqu’aux Ottomans, a cherché à poser sa marque sur l’édifice, tout en conservant sans doute le plan et les proportions originelles.
Le décor extérieur a été marqué par de nombreuses restaurations : au milieu du XVIe siècle, sur ordre de Soliman le Magnifique, il a été complètement remplacé par un revêtement de carreaux de céramiques ottomans. Celui que l’on peut admirer aujourd’hui. Magnifique.


Toujours est-il que se promener sur l’esplanade des mosquées demeure une expérience inoubliable. J’en profite pour prendre quelques clichés à la volée de cette jeune musulmane assise à l’ombre du Dôme…


Si les non-musulmans ne peuvent accéder au Dôme que par la passerelle en bois aménagée à droite du mur des Lamentations, on peut par contre ressortir par n’importe quelle porte. Et elles sont nombreuses !





