Kostrzyn Nad Odra
Une brève étape avant Berlin
Le temps d'une nuit et d'une visite d'usine de papier
Courte escapade dans l’est de l’Europe, en ce beau mois de juin 2010. Deux jours pour visiter une usine en Pologne, près de Kostrzyn, à quelques minutes de la frontière allemande.
Atterrissage à Berlin : pas une minute à perdre. A peine arrivés, nous montons dans un bus qui nous emmène directement à Kostrzyn. Cent kilomètres de route et près de deux heures de voyage.
Là-bas, l’équipe de l’usine nous attend pour une visite des lieux : photos, discours, verre de l’amitié. Et nous voilà repartis le soir pour un repas que nous n’oublierons pas de sitôt. Le dîner est parfait, les Polonais d’une gentillesse désarmante. Et la nourriture délicieuse.
Des vins sud-africains nous sont servis à table : une tuerie. Le Rupert & Rothschild rouge est d’une finesse inouïe. Mais le plus grand souvenir de cette soirée sera sans conteste cette vodka trente ans d’âge. De la magie à l’état pur !
De Kostrzyn, nous ne retiendrons que le ballet des vieux tramways tagués de mille et une couleurs, la vue fugace de maisons enfoncées dans des bois, la longue succession d’immeubles gris et borgnes et le centre-ville, baroque à souhait, dominé par une place large faisant la part belle à la statue équestre de quelque héro local.
Des mots d’amour et des mots d’amours, les heures passent, la nuit s’allonge et le sommeil gagne. Il est grand temps d’aller se coucher. Demain, direction Berlin et une belle visite au fil de l’eau.
Un p'tit morceau d'histoire
Place-forte stratégique surplombant la confluence de l’Oder et de la Warta, la ville fut pendant des siècles le chef-lieu de la Nouvelle-Marche (de Brandebourg) et, à ce titre, une garnison prussienne importante y était stationnée.
Bâtie 80 km à l’est de Berlin et 165 km à l’ouest de Posen, occupée militairement par les Français de 1806 à 1814, elle a depuis 1945 été divisée entre l’Allemagne et la Pologne, la plupart des anciens quartiers étant annexés à la Pologne pour former la ville de « Kostrzyn nad Odrą » (Kostrzyn sur l’Oder), tandis que le faubourg occidental de « Kietz » dépend désormais de la commune de Küstriner Vorland, dans le Land allemand de Brandebourg.
En 1535, le margrave Jean élit Custrin comme résidence de sa principauté de Brandebourg-Custrin : il fait édifier le château et fait enceindre la ville de remparts. De ce temps jusqu’en 1945, la ville abritera désormais une garnison (successivement brandebourgeoise, prussienne, allemande), avec juste un intermède sous l’occupation française entre 1806 et 1814.
La plupart des fortifications furent démantelées à l’issue de la Première Guerre mondiale. Mais en 1933, dans le cadre du réarmement du Reich allemand, plusieurs édifices militaires furent reconstruits à neuf. Les Nazis firent en outre construire dans le quartier de Kietz une usine de nitrocellulose. Si, en 1939, Custrin comptait 24 000 habitants, la ville fut au cours de la Seconde Guerre mondiale le siège d’âpres combats entre la Wehrmacht et l’Armée rouge, qui la détruisirent à 90 %.
Après la défaite nazie, les régions situées à l’est de l’Oder (dont Custrin) furent dans un premier temps sous occupation soviétique. Au terme de la Conférence de Potsdam, les quartiers de Custrin situés à l’est de l’Oder furent attribués à la Pologne pour former la ville de Kostrzyn nad Odrą. Tandis que la population allemande était déplacée de force vers l’ouest, les anciens quartiers accueillirent des familles polonaises. La citadelle de l’Altstadt fut définitivement rasée, et le quartier de Neustadt entièrement reconstruit.