Comment s’y rendre ?
Depuis Tunis : sortir de Tunis par l’autoroute, puis prendre la direction de Mohammedia, Zaghouan et El Fahs. Après avoir traversé l’oued Meliane, la route longe l’aqueduc de Zaghouan/Carthage. Prendre la direction de Bir M’Chergua et El Fahs. Bien vérifier les directions au niveau des ronds-points. Trois kilomètres avant El Fahs, une route tourne à droite en direction du site antique (un grand panneau annonce le site au niveau de ce virage). Encore 1 petit kilomètre et vous êtes arrivés ! Comptez environ 45min de route.
Prix d’entrée :
Ouvert tous les jours, de 8 h 30 à 17 h 30 en hiver, de 8 à 19 heures en été.
Entrée : 8 dinars.
Thuburbo Majus, une colonie romaine en Afrique du Nord
Lundi 14 mars 2011. Pour visiter la Tunisie, quoi de mieux qu’une voiture avec chauffeur ? C’est comme cela que je fais connaissance avec Mourad qui sera mon guide et mon ami pendant ces quatre jours. Pas question de monter à l’arrière, la place du passager avant me conviendra parfaitement.
On prend la direction de Thuburbo Majus, à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest de Tunis. A l’ombre des oliviers, la route est plutôt sympa à faire. Puis soudain, la silhouette du capitole et de ses colonnes de pierre se dresse sur l’horizon. Nous y sommes. Dès mon arrivée, le parfum de la floraison me saute au nez. Quelle douce sensation. Le printemps est le meilleur moment de l’année pour visiter la Tunisie. Le plan du site permet de mieux se situer.
Thuburbo Majus est une ancienne cité romaine d’environ 15.000 habitants. Véritable porte de Carthage, elle fut réputée pour la qualité de ses huiles d’olive. Epargnée par les guerres puniques, elle fut ravagée quelques siècles plus tard par les Vandales. En 128, sous le règne d’Hadrien, la ville obtient le droit de cité (municipe) et parvient à maturité entre 150 et 250. Sa prospérité repose alors essentiellement sur le commerce entre l’intérieur des terres et les villes côtières.
L’empereur Commode octroie à la ville le statut de colonie romaine en 188. L’intégration à l’empire et la prospérité permettent à la cité de se parer d’édifices publics. La cité commence à décliner vers la fin du IIIe siècle.
L’empereur Constantin tente de revivifier l’agglomération qui compte alors encore 1.000 habitants. Renommée Res Publica Felix Thuburbo Majus, elle reçoit une nouvelle impulsion sous le règne de Constance II qui poursuit une politique de reconstruction, en particulier des thermes. Elle entre cependant à nouveau en déclin sous le coup des invasions vandales et des combattants arabes qui propagent l’islam de village en village. La colonie est fortement endommagée par un tremblement de terre.
Du site de Thuburbo Majus ne restent que quelques ruines remarquables, au premier rang desquelles celles du Capitole, encore surmontées de quatre colonnes corinthiennes. Quelle étrange sensation que de marcher là dans les pas des Romains. Le forum est encore impressionnant. C’est ici que se rassemblait la population pour toutes les manifestations importantes de la cité. La taille de la construction est comparable à celle du Capitole de Dougga, derrière lequel il se situe de par son état de conservation. Les fouilles ont également livré les fragments de la statue colossale située au musée national du Bardo à Tunis.
Les édifices religieux cernent le Capitole. A gauche, se dresse le temple de la Paix dont il ne reste que quelques vestiges.
En vis-à-vis, on trouve le temple de Mercure et ses colonnes corinthiennes disposées en cercle. Sans aucun doute, le temple le plus prestigieux du site. Consacré en 211, il est édifié à proximité immédiate du forum, selon les préconisations de Vitruve.
On trouve encore deux sanctuaires consacrés à Saturne, dont l’un possède un plan de type oriental et aurait été bâti aux IIe ou Ier siècle av. J.-C.. Ce dernier sanctuaire, comme ceux de Mercure et de Junon Caelestis, a été utilisé comme église au VIe siècle. L’autre des temples de Saturne a été bâti en hauteur. On y trouve également un « temple de La Baalat », possédant un plan fréquent en Afrique, avec une cour outre le temple stricto sensu qui a été par la suite transformé en basilique chrétienne.
Dans la foulée des temples, on trouve la fameuse maison du labyrinthe et sa mosaïque si particulière, puis dans le prolongement, le marché, dont les boutiques sont toute encore à moitié debout. Inouï ! Enfin, tout autour, les maisons d’habitation se succèdent dans un charivari de murs et de pierres.
Toujours à l’est, voici les thermes d’été : le vrai clou de la visite de Thuburbo Majus. Une pure merveille ! On imagine sans mal les différentes pièces, les bains pour une bonne part encore intacts, les vestiaires où on se déshabillait avant d’accéder au frigidarium. Plusieurs bains sont encore couverts de mosaïques. Les bancs où les Romains s’asseyaient pour prendre un bain de vapeur sont encore là. L’édifice, s’étendant sur 2.800 m2, avec un frigidarium de 125 m2, est à considérer comme un édifice de taille moyenne. L’ensemble a subi de nombreux remaniements non datables mais a été restauré de façon assurée en 361.
Dans le prolongement des thermes d’été, voici la Palestre : le gymnase de l’antiquité où les Romains venaient faire leurs exercices physiques avant d’aller prendre leur bain aux thermes. La palestre offerte par les Petronii à la ville en 225 était destinée à la pratique du sport. Proche de la palestre a été découvert un bas-relief représentant des ménades en train de danser, ce qui illustre l’imitation de modèles classiques dès le Ier siècle. L’un des côtés de l’édifice a fait l’objet d’un remontage, ce qui en fait un des atouts du site, les autres façades étant dans un état de ruines avancé.
Dernière étape de cette visite à Thuburbo Majus (accompagné du directeur du site !), les thermes d’hiver. Ils s’étendant sur 1.600 m2, ont été construits à une date mal assurée, dans la seconde moitié du IIe siècle ou au début du IIIe siècle. Le complexe thermal a été rénové entre 395 et 408, une autre rénovation ayant eu lieu à une époque tardive indéterminée. La construction est encore utilisée à la fin du Ve siècle ou au début du VIe siècle. Doté de trois piscines, le frigidarium ne mesurait cependant qu’environ 70 m2. Deux des piscines ont supprimées, peut-être au Ve siècle alors qu’une aile adjointe à la même époque est considérée comme un espace consacré aux réunions.