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Comment visiter le tombeau d’Abraham à Hébron, au cœur de la Cisjordanie

Pourquoi visiter Hébron ?

Hébron (Al-Khalil en arabe) est l’une des villes les plus anciennes et les plus historiques du monde, située en Cisjordanie, à environ 30 kilomètres au sud de Jérusalem. Elle revêt une importance majeure sur les plans religieux, historique et culturel, mais elle est aussi une ville complexe en raison de son contexte politique.

Le Tombeau des Patriarches (Caveau de Machpelah) est vénéré par les juifs, les chrétiens et les musulmans. Il abriterait les tombes des patriarches Abraham, Isaac et Jacob, ainsi que des matriarches Sarah, Rebecca et Léa. La mosquée d’Ibrahim (qui fait partie du complexe du Tombeau des Patriarches) est un lieu de prière important pour les musulmans.

Hébron est l’une des villes les plus anciennes du monde, habitée depuis plus de 4 000 ans. Elle a été un carrefour de civilisations, des Cananéens aux Romains, en passant par les Byzantins et les Ottomans.

La ville est célèbre pour son industrie du verre soufflé et de la céramique, une tradition vieille de plusieurs siècles.
Les souks d’Hébron offrent une expérience authentique, avec des produits locaux comme les épices, les tissus et les objets artisanaux.

Hébron est divisée en deux zones : H1 (sous contrôle palestinien) et H2 (sous contrôle israélien). Cette division en fait un lieu d’observation unique des tensions et des réalités du conflit israélo-palestinien.

Comment visiter Hébron ?

Des bus palestiniens relient Jérusalem à Hébron (environ 1 heure de trajet). Vous pouvez également prendre un taxi ou un bus israélien jusqu’au check-point de la colonie de Kiryat Arba, puis marcher ou prendre un taxi palestinien.
Préparez votre passeport, car vous devrez passer des check-points israéliens pour entrer dans certaines parties de la ville.

Au printemps et en automne, les températures sont douces, idéales pour explorer la ville. Évitez les périodes de tensions politiques accrues pour des raisons de sécurité.

Les Sites à ne pas manquer  :

  • Tombeau des Patriarches : le site principal, avec ses différentes sections pour les juifs et les musulmans.
  • Vieille ville et souks : explorez les rues étroites et les marchés traditionnels.
  • Usines de verre soufflé : visitez les ateliers pour voir les artisans à l’œuvre.
  • Mur de séparation et graffitis : observez les messages politiques et artistiques sur le mur.

    Hébron est une ville conservatrice, portez des vêtements modestes. Renseignez-vous sur la situation politique avant votre visite. Évitez les zones sensibles et suivez les conseils des locaux. Engagez un guide pour mieux comprendre l’histoire et le contexte politique de la ville.

Comment visiter le tombeau d’Abraham à Hébron, au cœur de la Cisjordanie

Samedi 14 avril. De l’autre côté du mur. Traverser la frontière ultra-sécurisée qui sépare Israël de la Cisjordanie occupée provoque une étrange sensation. Avec mon chauffeur, nous allons plusieurs fois longer le mur qui sépare l’état juif des territoires autonomes, mais occupés. Nous allons également voir les colonies juives implantées en territoire palestinien qui font tant débat et provoquent sans cesse des heurts entre les deux communautés. Des check-points incessants sont présents sur l’autoroute qui traverse la Cisjordanie et qui relie Bethléem à Hébron. Ironie du sort, nous allons même crever à une centaine de mètres d’un check-point ! Pas vraiment rassurant. Bien sûr, nous serons contrôlés avant de pouvoir accéder à la veille ville… Ambiance.

Arrivée à Hébron. À deux pas de la vieille ville, une affiche annonce la couleur : Yasser Arafat d’un côté, Marmoud Abbas de l’autre. Le ton est donné. Ici, plus qu’à Bethléem, on ressent les tensions qui existent entre les deux états.

Dès l’entrée de la vieille ville, des façades médiévales nous accueillent. Pas de doute : Hébron est une des plus anciennes villes du Moyen Orient. Avec quelque 200.000 habitants et une forte majorité musulmane face à une minorité juive, elle est le théâtre depuis des années de nombreuses agitations intercommunautaires… Et pour cause, elle est la ville qui renferme en son sein le tombeau des Patriarches, ville sainte à la fois pour les Juifs, les Chrétiens et pour les Musulmans. Pour La Cisjordanie, avec son dynamisme commercial, son agriculture ancestrale, son centre artisanal et sa production de pierres et de marbres, elle est en quelque sorte la capitale économique du pays.

Pour se rendre jusqu’au tombeau des Patriarches, il faut d’abord traverser une grande partie de la vieille ville encore habitée par les Musulmans… Et aujourd’hui, c’est une grande fête pour les Musulmans, du coup, la foule est au rendez-vous et une certaine effervescence gagne les rues de la cité. Autant le dire tout de suite, la présence du tombeau d’Abraham créée de vives tensions et fait d’Hébron une ville trois fois sainte. D’autant que pour les Juifs, elle situe le couronnement du roi David à Hébron qui vécut là pendant 7 ans avant de s’installer à Jérusalem.

Tout au long de la principale artère qui mène jusqu’au tombeau, c’est l’effervescence et les stands des commerçants sont littéralement pris d’assaut. Hébron est bien l’une des plus anciennes villes du monde, carrefour des routes d’Orient et d’Occident. Dès le  Ier  siècle, le roi Hérode faisait construire une enceinte sacrée autour de la grotte d’Abraham, mais trois siècles plus tard, la ville était détruite après la révolte des Juifs contre les Romains.

Je longe encore la rue principale. Les pâtisseries regorgent sur les étals. Je poursuis mon petit exposé historique. Après Rome, c’est l’empereur de Byzance qui prend le relais. Justinien couvre la ville de monuments religieux, mais ceux-ci ne résisteront pas à la guerre contre les Perses quelques décennies plus tard.

À la fin du VIIe siècle, la cité devient tour à tour lieu de pèlerinage pour les Musulmans, évêché à l’époque des Croisés, puis à nouveau musulmane sous les Mamelouks. La ville connaît alors son âge d’or.

Plus on s’approche du tombeau, plus la foule est dense. Et j’ai bientôt peine à suivre mon chauffeur au milieu de cette foule compacte.

Un check-point israélien filtre les entrées de la vielle ville. C’est une cohue indescriptible. On étouffe et on se piétine tous ! Les plus petits tentent de se frayer un passage entre nous. L’air est irrespirable. La ferveur des fidèles égale la colère de ceux qui sont pressés comme des citrons ! Des gens hurlent. Les soldats israéliens s’impatientent également. Armés jusqu’aux dents, ils haranguent la foule. Quelque chose me dit que tout pourrait dégénérer en quelques secondes, mais je n’ai pas peur. Je suis le mouvement. Un supérieur de la soldate qui filtre les entrées vient donner quelques consignes. L’accès à l’esplanade du tombeau est plus largement ouvert… On commence enfin à respirer !

Hélas, aujourd’hui, l’accès au tombeau est interdit aux non-musulmans et aux non-juifs. Autant dire aux Chrétiens et aux touristes. Décidément, je n’ai vraiment pas de chance. Déjà, hier, je me suis fait refouler de l’entrée au dôme du Rocher. Ok, tant pis… Le temps de boire un petit thé chez un commerçant palestinien, de tenter ma chance à l’entrée juive du tombeau (sans succès encore !), et je me rabats vers les allées désertées de la vieille ville.

Étrange atmosphère que ces rues désertes qui contrastent avec l’autre partie musulmane de la vieille ville. Et pour cause, c’est ici que la colonie Kiryat Arba s’est implantée au lendemain de la victoire de 1967. Depuis, un chapelet de cinq colonies juives s’est implanté à l’est de la vieille ville, reliées entre elles par la rue des Martyrs. Aujourd’hui, quelque 500 colons juifs vivent protégés par quelque 1.500 soldats israéliens. Ce type de colonisation est unique en Cisjordanie car d’habitude les colonies juives surplombent les centres urbains du haut de collines avoisinantes, mais n’occupent pas le cœur de la ville.

Du coup, comme on le voit sur la photo que j’ai prise, toutes les rues de la partie Est de la vieille ville sont coupées en deux dans le sens de la longueur afin que Juifs et musulmans n’empruntent pas le même couloir. Démentiel et stupide… Mais préventif. En 1994, un colon de Kyriat Arba pénètre à l’intérieur du tombeau des Patriarches et tire sur les Musulmans : 29 Palestiniens sont tués et 200 autres sont blessés. Depuis ce massacre, les soldats israéliens ont fermé la rue principale qui relie le centre-ville à la vieille ville.

Aujourd’hui, la ville est divisée en deux zones : H1 en territoire palestinien et H2 sous contrôle israélien, soit 20 % de la cité antique où vivent 45.000 Palestiniens. Ces derniers n’ont plus accès à la zone des colonies juives. Du coup, les check-points se multiplient, les trajets s’allongent. Depuis l’Intifada, entre 2000 et 2003, les habitants ont ainsi enduré quelque 600 jours de couvre-feu, occasionnant la fermeture de nombreuses boutiques et logements… D’où cette impression de ville fantôme dans certains quartiers avec des rues désertées laissées aux chats. Près d’un tiers des bâtiments du centre-ville est ainsi abandonné.

Impossible donc de visiter le tombeau des Patriarches aujourd’hui. C’est bien ma veine. Accès réservé aux Musulmans aujourd’hui. Ok, je me rabats donc sur la vieille ville. Du tombeau, je ne pourrais faire que cette photo derrière les grilles du bâtiment. Moche à souhait. Mais bon. Pour la petite histoire, c’est ici, dans une grotte, que serait inhumé Abraham aux côtés de sa femme Sarah, de son fils Isaac, de sa femme Rebecca, de leur fils Jacob et de sa première femme, Léa.

Bon, pour faire simple, Hérode fit le premier construire une enceinte juive, puis les Byzantins érigèrent une basilique, détruite à son tour par les Perses et remplacée par une mosquée au VIIIe siècle, avant d’être transformée en église par les Croisés, puis rendue au culte musulman au XIIe siècle… Et aujourd’hui alors ? Eh bien, l’édifice est partagé entre Juifs et Musulmans. Exit les Chrétiens. Et du coup, je dois rester derrière les grilles.

Ok, je ne m’étends pas plus sur le sujet du tombeau des Patriarches, et retourne sur mes pas, par la rue principale empruntée tout à l’heure (bien moins de monde désormais !), en traversant la vieille ville et en faisant un tour par le souk.

La vieille ville d’Hébron date principalement des Mamelouks, entre le XIIIe et le XVIe siècle. À l’époque, la vie s’organisait en quartiers, selon ses affinités ethniques, religieuses ou corporatistes. Des passages couverts reliaient tous les quartiers entre eux. Aujourd’hui comme hier, les rues permettent ainsi de faire le plein d’épices venues du monde entier.

Avant 1994, le quartier de la vieille ville comptait quelque 10.000 Palestiniens… Aujourd’hui, avec les multiples contraintes imposées par les Israéliens, ils ne seraient plus que 5.500. Au-dessus d’elles, quelque 500 colons juifs se sont installés au premier étage des maisons tandis que les rez-de-chaussée sont occupés par les commerçants palestiniens.

Les ruelles étroites, les pierres apparentes des façades, toutes d’une grande beauté, les portes colorées d’ocre donnent un véritable cachet à la vieille ville.

Mais quand on se promène dans les rues du centre-ville, on est rapidement étonné par les filets et les draps tendus au-dessus des rues… Et pour cause, les Palestiniens représentent des cibles faciles pour les Israéliens qui depuis l’étage de leur maison n’hésitent pas à leur lancer pierres et ordures ménagères.

Ces filets, parasols et autres draps contribuent à créer cette ambiance si étrange qui règne dans la cité, cette espèce d’ignorance, de mépris mutuel et d’indifférence qui existe entre les communautés. À voir ça de près, on comprend pourquoi cette région du monde est en guerre permanente depuis plus de 2000 ans.

Sur les étals des commerçants de la vieille ville, on trouve un peu de tout, mais les spécialités de la région sont les produits dérivés du raisin, le dibès (sirop), le malban (une feuille de pâte de raisins). On trouve aussi de nombreuses spécialités pâtissières et les fameux loukoums.

Dans les ruelles étroites, on trouve encore des artisans qui savent travailler le cuir et les peaux de bête.

Suspendues à l’air libre par des crochets, les peaux font l’admiration des femmes et des enfants ! Il suffit de faire son choix.

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