Sublime Sainte-Sophie

Chef-d’œuvre de l’art byzantin

Comment s’y rendre ?

En plein milieu du quartier de Sultanahmet, vous ne pouvez pas la manquer.

Il est possible de visiter la mosquée tout au long de la journée, sauf pendant les cinq prières quotidiennes. 

Prix d’entrée :

Pour la visiter, soyez au moins une heure avant l’ouverture de la basilique, vous vous éviterez quatre heures de file d’attente….

Attention, depuis janvier 2024, l’entrée est payante pour les touristes. Le tarif est de 25 euros. Et vous n’aurez accès qu’à la galerie haute ! Sans commentaire.

Sainte-Sophie, un monument intemporel

Sainte-Sophie est l’un des plus grands exemples de l’architecture byzantine.

La basilique de Justinien est à la fois le point culminant des réalisations architecturales de l’Antiquité tardive et le premier chef-d’œuvre de l’architecture byzantine. Son influence s’est exercée profondément et de manière durable, sur l’architecture orthodoxe orientale, mais tout autant sur celles de l’Église catholique et du monde musulman.

Les plus hautes colonnes atteignent 20 mètres, et un diamètre d’au moins 1,50 m. La nef principale est couverte d’un dôme central d’un diamètre maximal de 31,25 m, et d’une hauteur maximale de 55,60 m au-dessus du sol.

Un géant sort de la grisaille

Jeudi 22 novembre 2012. Mal aux jambes. Petite pause à la terrasse du café de la place Sainte-Sophie. Le temps d’un petit noir et d’un sandwich.

La bâche transparente protège de la pluie. Réchauffé de l’intérieur. Allez zou ! Direction Sainte-Sophie. 

Vue de l’extérieur, on dirait une tortue géante cernée de quatre minarets. Etrange. La coupole domine les arches gigantesques qui la soutiennent. Pas très esthétique, mais diablement efficace. L’église a traversé le temps et survécu aux séismes qui ont secoué Istanbul depuis le VIe siècle.

Sensation de vertige. Se retrouver sous cette coupole immense donne le tournis. Tout semble démesuré ici. Inouï. Presque insensé. Mélange des couleurs et des matières. Lumière éblouissante. Audace architecturale. Souffle coupé. Comment ne pas rester des heures à contempler cette nef ? Incomparable. D’une beauté inimaginable.

Après plusieurs minutes à admirer l’édifice, je décide de monter à l’étage supérieur. Une rampe mène à la galerie impériale. 

Vue de haut, l’église prend de l’ampleur, gagne en longueur ce qu’elle perd en majesté. Ici, sont conservés les vestiges de l’époque byzantine. La mosaïque de la Vierge et l’enfant bien entendu. Incontournable, elle orne une grande partie de l’abside. Inaugurée en 867. Marie est assise sur un trône sans dossier, tenant l’enfant Jésus sur ses genoux. Près d’elle, les portraits des archanges Gabriel et Michel. Hélas, depuis qu’Erdogan a décidé de retransformer Sainte-Sophie en mosquée, vous ne pouvez plus admirer ce symbole de la Chrétienté et de Constantinople. En 2012, j’ai eu cette chance. Et de pouvoir monter également à l’étage de la basilique. Je mesure ma chance.

Le Christ Pantocrator ensuite, vêtu d’une robe bleu foncé (comme c’est l’usage dans l’art byzantin), est assis au milieu, donnant sa bénédiction de la main droite et tenant la Bible de la gauche. Flanqué de Constantin IX Monomaque et de son épouse l’impératrice Zoé, tous deux en costumes de cérémonie. 

L’empereur présente une bourse qui rappelle le don qu’il a fait à l’église, alors que Zoé tient un livre, symbole de sa propre donation.

La mosaïque des Comnène encore. Exécutée après 1122. La Vierge Marie est debout au milieu, dans sa robe bleu foncé habituelle dans l’art byzantin. Elle tient sur ses genoux le Christ enfant, qui donne sa bénédiction de la main droite tout en tenant un rouleau dans sa main gauche. Sur son côté droit, l’empereur Jean II Comnène. Il tient à la main une bourse, symbole d’une donation impériale à l’église. L’impératrice Irène se tient au côté gauche de la Vierge, en vêtements de cérémonie, présentant un document. Leur fils aîné, le co-empereur Alexis Comnène est représenté sur un pilastre de côté. Ses traits tristes sont le reflet de sa mort, la même année, de la tuberculose.

La mosaïque de la Déisis enfin. C’est le troisième panneau de la loge impériale de la galerie supérieure. Cette mosaïque est considérée comme un chef d’œuvre pour la douceur des traits et de l’expression des visages, et aussi comme le début de la renaissance de l’art pictural byzantin. Le style est celui des peintres italiens des fin XIIIeXIVe siècles. La Vierge Marie et Jean-Baptiste, tous deux de trois-quarts, implorent l’intercession du Christ Pantocrator pour les péchés de l’humanité lors du Jugement dernier.

Un p'tit morceau d'histoire

Bâtie sur les ruines d’une première basilique incendiée en 532 après dix jours d’émeute dans la ville. A peine quelques jours après la destruction de la seconde basilique, l’empereur Justinien prit la décision de la reconstruire, cette fois beaucoup plus grande et majestueuse que les deux précédentes, dédiée à la Sagesse Divine. 

Son plan est inspiré du Panthéon de Rome et de l’art chrétien primitif d’Occident. Des matériaux arrivent de tout l’Empire : des colonnes hellénistiques du temple d’Artémis à Éphèse, du porphyre d’Égypte, du marbre vert de Thessalie, des pierres noires de la région du Bosphore, d’autres de couleur jaune en provenance de Syrie. 

Plus de dix mille ouvriers furent employés pour cette construction. L’empereur put inaugurer la nouvelle église le 27 décembre 537. Les décors intérieurs, particulièrement les mosaïques, ne furent achevés que sous le règne de l’empereur Justin II (565-578).

Des tremblements de terre, en 553 et 557, causèrent des fissures sur le dôme principal et la demi-coupole de l’abside. Le 7 mai 558, un nouveau séisme provoqua la destruction totale du dôme central, qui s’écroula. L’empereur ordonna une restauration immédiate, faisant appel à Isidore le Jeune, fils d’Isidore de Milet. On utilisa cette fois des matériaux aussi légers que possible, et on donna à l’édifice ses mesures actuelles : rehaussé de 6,25 m, le dôme atteignit alors sa hauteur totale de 55,6 m2. Sa forme définitive remonte donc au milieu du VIe siècle. En 1453, immédiatement après la prise de Constantinople, la basilique fut convertie en mosquée, conservant le même nom, Ayasofya, comme symbole de la conquête.