Bangkok

Les trésors du musée national

Les horaires du musée :

Le musée national de Bangkok est accessible au public du mercredi au dimanche de 9 à 16 heures et ferme ses portes les jours fériés. Les bénévoles du musée proposent des visites guidées en plusieurs langues, notamment en français, en anglais, en allemand et en japonais. 

Prix d’entrée :

L’entrée au musée est de 200 baths (soit environ 5,50 €).

Vous pouvez prendre des photos des divers objets d’art exposés dans le musée, mais il est strictement interdit d’utiliser un flash.

Les trésors cachés du musée national de Bangkok

Dimanche 17 novembre 2013. Quelle belle balade le long des khlongs, vraiment ! Ok, retour sur la terre ferme. Je saute d’un bateau à l’autre et me voilà de retour sur la rive ouest. A peine midi, j’ai pleinement le temps d’aller visiter le National Museum qui se trouve à deux pas de là. Mon rendez-vous à Koan San Road est fixé à 18 heures. Direction le centre-ville. Je commence à connaître la route par coeur !

Dix minutes plus tard, voici l’entrée du musée national de Bangkok. A ne surtout pas manquer si on veut comprendre l’histoire de la Thaïlande, de l’hindouisation au royaume actuel de Thaïlande. Un petit résumé historique s’impose. Obligatoire pour bien comprendre le pays et la culture thaï. De nombreux royaumes, principautés ou empires invasions et dominations étrangères se sont chevauchées jusqu’à la fin du XVIIe siècle. 

Pour faire simple, le pays a connu deux grandes influence avant l’instauration du premier royaume thaï : d’abord la domination du royaume de Dvâravatî, au centre du pays, entre le VIe et le XIe siècle ap. J.-C., puis la domination du royaume de Sriwijaya, plus au sud. Puis le pays bascule sous l’influence des invasions khmers, entre le XIe et le XIIe siècle. Cette domination s’achève par la formation du premier royaume thaï, à Sukhothai, jusqu’en 1438, date à laquelle le royaume d’Ayutthaya annexe Sukhothai.

Le royaume d’Ayutthaya perdura jusqu’à l’invasion birmane et la destruction de la capitale en 1767. En 1782, la dynastie Chakri prit la succession des rois d’Ayutthaya. Ce changement dynastique fut l’occasion de la fondation de Bangkok comme capitale du royaume. Les rois Chakri prirent le nom dynastique de « Rama ». Neuf rois se sont succédé sur le trône depuis 1782. En 1932, la monarchie absolue devint une monarchie constitutionnelle sur le modèle britannique.

Le musée national de Bangkok est l’exemple même du musée pédagogique permettant de bien comprendre l’histoire du pays. Ses collections couvrent les périodes de la préhistoire jusqu’à l’âge de Ratanasokin (fin XVIIIe – début XXe). Les salles 1 à 22 abritent les collections royales privées du père de Rama V, Mongkut. Elles sont classées chronologiquement, donnant ainsi un large panorama de l’art Thaïlandais. La visite commence par la chapelle Buddhaisawan bâtie en 1795 dans le style Ratanasokin à l’intérieur de laquelle on trouve le Phra Bouddha Sihing, statue très vénérée du XVe siècle. Devant la chapelle, des êtres mythiques, mi-hommes mi-oiseaux, des Tantimas, gardent l’entrée du temple.

Avant de visiter le grand palais où se trouvent les collections, je jette un coup d’œil sur la maison rouge et les pavillons de repos. La maison rouge a été construite au XVIIIe siècle. Elle est entièrement modulable et peut être démontée et remontée à l’envi. Ikéa n’a rien inventé ! Elle est composée d’un salon, d’une chambre et de deux autres pièces. Quelques étudiants traînent sur ses marches pour se protéger du soleil qui tape fort ce midi. Plus loin dans l’enceinte du palais, différents pavillons de repos, utilisés autrefois par les princes, servent aujourd’hui de lieux de méditation.

La visite commence par l’aile sud et la salle d’art asiatique qui accueille des pièces d’art bouddhique datées du Ier siècle, issues d’une grande partie de l’Asie. Des statuettes de Bouddha, de style Ghandara, et une lampe à huile romaine en bronze, prouvent les liens de l’Asie avec le bassin méditerranéen et l’influence du monde gréco-romain sur l’art indien au début de l’ère chrétienne. 

Puis on découvre la culture de Dvaravati, cette fédération de principautés peuplées par l’ethnie Mon. Emblème de cette domination entre le VIe et le XIe siècle, de superbes roues de la loi incarnant la religion bouddhique. Elles sont le symbole du premier sermon du Bouddha dans le parc aux gazelles à Sarnath, en Inde, et de la diffusion de son enseignement. La période Dvaravati est célèbre pour ses Bouddhas debout. 

La salle d’art javanais, au premier étage, rassemble des pièces provenant du site de Borobudur (VIIIe siècle), sur l’île de Java, considéré comme le plus grand temple bouddhiste du monde. Au centre, la statue de Ganesh, dieu hindou au corps d’enfant et à tête d’éléphant, est incontournable. 

La salle Srivijaya témoigne de l’influence de cette fédération d’états maritimes sur le sud de la Thaïlande, entre le VIe et le XIIe siècle. Différentes écoles d’art se côtoient : indienne, mon, indo-javanaise et khmère. Cette époque se caractérise par une grande maîtrise du bronze et de la pierre.

A ne pas manquer non plus, la salle des sculptures indiennes anciennes qui rassemble diverses statues de divinités hindoues découvertes en Thaïlande, dont celle de Vishnou retrouvée dans le sud du pays. Les trois principaux dieux hindous sont Brahma (le créateur avec ses quatre visages), Vishnou (le conservateur avec ses quatre bras), et Shiva, le destructeur. 

Enfin, la salle d’art de Lopburi témoigne de l’influence de l’invasion khmère, au XIe siècle. Ses sculptures témoignent une grande maîtrise du bronze et de la pierre. A voir l’extraordinaire linteau représentant Vishnou allongé sur un animal mythique au moment où il rêve d’un monde nouveau que Brahma fera surgir sur les ruines de l’ancien monde.

L’aile nord du musée retrace les périodes monarchiques thaïs de Sukhothai, Ayutthaya et Thonburi, entre le XIIIe et le XVIIIe siècle. On visite d’abord les salles d’art Lan Na, premier royaume de l’ethnie thaï dans le nord du pays, marqué par les influences birmanes et laotiennes. A voir un superbe bouddha en méditation chevauchant une créature mythique. 

Puis c’est au tour des salles consacrées à l’art du royaume de Sukhothai, connu sous le nom « d’Aube de la félicité » (XIII-XIVe siècle). Berceau de la culture thaïlandaise. C’est l’avènement du Bouddha marchant, le sommet du raffinement dans le travail du bronze, l’âge d’or du Siam. Les salles d’art consacrées à Ayutthaya, seconde capitale du royaume thaï, retrace l’âge d’or de cette ville cosmopolite, « Venise de l’orient », peuplées de commerçants persans, arabes, indiens, japonais, portugais, britanniques et français. A voir la superbe armoire en laque dorée et bois sculpté.

Enfin, les dernières salles retracent la courte période de Thonburi déchirée entre tradition du passé et le travail de nouvelles matières, le cristal, le jade et les pierres précieuses.

Mais le plus impressionnant reste à venir avec les salles consacrées au transport avec les palanquins, les chaises à porteurs de cérémonie et les nacelles de transport à dos d’éléphant utilisées par la famille royale et les hauts dignitaires de la royauté. Incontournable, le grand palanquin royal était utilisé pour les couronnements et les cortèges funèbres. Quant aux chariots funéraires, ils ont été construits entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle. Le Grand chariot de la victoire pèse 24 tonnes et nécessite 216 hommes pour le mettre en mouvement ! Décoré de Nava et de Deva, êtres mythologiques.

Enfin, la visite s’achève par les salles consacrées aux arts théâtraux et aux instruments de musique. Marionnettes et masques sont de toute beauté. Jeux d’échecs, mahjong et domino évoquent les salons de jeux. Instruments traditionnels à vents (flûtes et hautbois), à cordes (violons et luths) et à percussions complètent cette extraordinaire collection. Tous sont utilisés pour les cérémonies royales, le théâtre d’ombre et de marionnettes.