Tombstone
La légende de l’Ouest
Tombstone, règlement de comptes à OK Corral
Mardi 24 avril 2012. Une centaine de kilomètres plus à l’ouest de Chiricahua se trouve l’une des plus grandes légendes de l’ouest : Tombstone, célèbre pour son fameux « règlement de comptes à OK Corral », qui vit le shérif Wyatt Earp, se deux frères Virgil et Morgan, et le dentiste alcoolique et tuberculeux, « Doc Holliday » descendre les frères Clanton et les Mac Laury, connus pour leurs actes de banditisme et leur propension à semer le trouble dans cette région de l’ouest sauvage.
Aller à Tombstone quand on voyage dans l’ouest américain, c’est comme visiter la basilique Saint-Pierre pour tout bon chrétien qui se respecte : un incontournable ! Il faut savoir s’amuser de la déco western savamment entretenue. Malgré la fermeture des mines à la fin du XIXe siècle, Tombstone ne devint jamais une ville fantôme. Elle végéta, mais survécut, ce qui explique le bon état des bâtiments de la rue principale.
Aujourd’hui encore, des types déguisés en cow-boys et des shérifs étoilés déboulent dans les saloons avec leur colt et se font servir des verres par des serveuses en tenue légère et néanmoins d’époque. Du coup, avec Léa, on n’hésite pas à pousser la porte et à se faire servir une bière et une limonade. Un type, genre cow-boy du coin engage la conversation, et j’apprends bientôt que le type a joué les figurants dans plusieurs westerns célèbres, dont le fameux « Wyatt Earp », Kevin Costner. Ils sont sympas, ces Américains ! A deux pas de là, une armurerie tient lieu de musée grandeur nature de tous les flingues qui ont pu exister au far-west. Du coup, on pousse la porte, et nous voilà en train de soupeser des colts et des revolvers d’époque. Léa en prend un dans sa main. « ça pèse au moins cinq kilos, papa ! » Du coup, la légende des tireurs d’élite en prend un sacré coup ! Difficile d’imaginer qu’on puisse aussi bien manier une arme aussi lourde. Bref, on est tellement heureux dans cette armurerie qu’on soupèse la moitié des flingues exposés. Photos souvenirs et poses de circonstance. Notre attitude n’a pas l’air de plaire au grand balèze qui tient la boutique. « Allez, viens Léa, on y va. »
Rue principale, il ne faut surtout pas hésiter à pousser la porte du Bird Cage Theater, ce théâtre où tricheurs professionnels, mineurs déglingués et notables pourris se bousculaient pour voir les spectacles légers et jouer au poker. Le bâtiment est resté complètement en l’état. De 1881 à 1889, il ne ferma pas une minute et connut 16 batailles au revolver ! Les murs portent encore la trace des 140 balles qui s’y logèrent ! On peut y voir encore la scène délabrée au papier peint d’origine, décor poussiéreux dans lequel sont exposés tous les souvenirs de la ville: tables de jeux, corbillards, matériel chirurgical de Doc Holiday, etc. Il faut voir aussi les loges où les beautés du monde entier venaient chanter : « Je ne suis qu’un oiseau dans une cage dorée. » Un lit de fortune équipait chaque loge. Pour l’anecdote, au sous-sol du théâtre se tint la plus longue partie de poker de toute l’histoire de l’ouest : 8 ans, 5 mois et 3 jours !
En poursuivant sur la rue principale, on comprend que la rue a été figée dans le temps. Tous les immeubles de l’époque sont encore là. Les dates de construction sont affichées sur les façades. Quant aux métiers d’antan, hormis peut-être les saloons et les théâtre, ils ont laissé place aujourd’hui à des banques, des restaurants, des ateliers d’artisanat, des boutiques de souvenirs, et tout ce qui peut exister pour satisfaire les touristes ! Il y a même un vieil Indien qui danse sur les trottoirs en bois et un guitariste qui vit des pourboires des touristes en chantant quelques vieux airs de l’ouest. Ambiance garantie ! Derrière moi, Léa est pliée de rire. « Papa, tu vois ce que je pourrais faire pour gagner ma vie ! » « Oui, je vois. En même temps, avec les 10$ que je viens de lui donner, et tout ceux qu’il a encaissés depuis le début de la journée, il doit quand même bien gagner sa vie, Billy. »
Excentré par rapport à la rue principale, Helldorado Town se veut une réplique de l’ancienne ville minière, du temps où les rues de la ville étaient fréquentées par les mineurs, les orpailleurs, les trafiquants en tout genre, sans oublier les joueurs (« gamblers »), les voleurs et les bandits de grand chemin. A voir bien sûr pour l’ancienne locomotive de la Southern Pacific, pour son café toujours d’époque et son village de mineurs, aujourd’hui peuplés d’artisans. On y découvre les anciennes mines, les rails et les cuvettes d’orpailleurs. Enfin, il ne faut surtout pas manquer l’ancienne prison… aujourd’hui recyclée en bar où le shérif vous sert de la bière à la tireuse ! Léa est aux anges. Du coup, elle se glisse dans la prison et s’accroche aux barreaux de l’unique cellule. Sur la façade, on peut encore voir un vieil avis de recherche : « Billy the Kid – Reward – 500 $ »…
Enfin arrive l’heure de la fusillade à OK Corral. Tombstone entretient savamment la légende de Wyatt Earp et des frères Clanton. A 17 heures précises, débouchent de l’avenue principale, les frères Earp accompagnés de Doc Holiday, prêts à en découdre avec les bandits de la ville… Armés de fusils et de revolver, les quatre hommes remontent la grand rue sous le regard ahuri des touristes. Léa écarquille les yeux. Moi aussi. Merde ! On se croirait vraiment en plein milieu d’un western. Wyatt Earp arrangue la foule dans un américain à couper au couteau. Impressionnant ! Dans la foulée, ce sont les frères Clanton qui traversent à leur tour la rue principale, armés et déterminés à en découdre avec le shérif. Dix minutes plus tard, tout ce beau monde se retrouve autour du site préservé d’OK Corral. Une tribune permet à chacun de profiter du spectacle. Doc Holiday prend des accents shakespeariens, mais après dix minutes de concentration pour comprendre ce que les acteurs baragouinent, on finit par lâcher prise et à se laisser porter par le spectacle. Léa est aux anges ! Moi aussi. Reste que l’ensemble est quand même bavard, et au final, on attend avec impatience que les premiers coups de feu soient tirés !
L’heure tourne. Il est presque 17 h 30 quand s’achève le spectacle. Il faut faire fissa si l’on veut être à l’heure pour le coucher de soleil sur les cactus géants du Saguaro National Park. Dernier coup d’œil sur la ville désertée. La rue principale s’est vidée de ses touristes. Il reste encore deux ou trois personnes assises sur des bancs. Pathétique. Tombstone, ville fantôme. « Allez, viens Léa, on file voir les cactus. »